120 battements par minute : un électro-choc au cinéma

120 battements par minute: mélange bouleversant de colère, d'angoisse et d'amour 


Grand prix du Dernier Festival de Cannes, et film incontournable de cette rentrée, 120 battements par minute continue d'émouvoir et de secouer les spectateurs. Robin Campillo aborde cette période des années 1990, appelées « années sida », sous tous les angles, ce qui donne au film toute sa puissance et son émotion. Par son approche très directe, la salle plonge avec la caméra dans cet univers très dur : 
«  Bienvenue à Act Up, crée en 1989 sur le modèle d'Act Up New York. Ce n'est pas une association de soutien aux malades, mais un groupe d'activistes qui vise à défendre les droits de toutes les personnes touchées par le sida. » La couleur est déjà annoncée : il s'agit de faire vite. La vie des personnages, activistes à Act Up et pour la plupart séropositifs, est placée sous le signe de l'urgence.

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Il y a des « séropo », contaminés par voie sexuelle, ou par transfusion sanguine, des séroneg, des hétéros, des homos. Leur but étant pour tous de prévenir, contre une maladie qui ne se guérit pas et face à laquelle les pouvoirs publics et les laboratoires pharmaceutiques sont indifférents. Les actions se doivent d'être choquantes: poches de sang jetées sur les responsables des laboratoires, comme Melton Pharm, organisation de la Gay Pride, préservatif géant sur l'obélisque.

Cette grande justesse, le réalisateur la doit également aux acteurs qui incarnent parfaitement leur rôle. Sean, joué par Nahuel Pérez Biscayart, est d'une radicalité et d'un courage impressionnants dans sa lutte contre la maladie. Sa force réside aussi dans sa relation amoureuse avec Nathan, joué par Arnaud Valois, séronégatif et qui ne semble aimer que des séropositifs. Témoignage d'une vie à cent à l'heure, où on n'a pas le temps d'avoir le temps.

Robin Campillo réalise un mélange fascinant entre énergie du désespoir : pour lutter, prévenir, être reconnu, et rage de vivre : ses relations, sa vie, comme si la mort était encore quelque chose de lointain. C'est un hommage à ceux qui en sont morts mais aussi à ceux qui s'en sont sortis et aussi un rappel, celui de se battre pour vivre, celui de se battre pour être.  


Philippine Oisel 

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