David contre Goliath ou la magie du sport

   Le football a son lot de belles histoires en coupe de France, on se rappelle de Calais qui arrive à accéder en finale de la compétition en 1999. Aujourd’hui c’est le Sporting Club d’Hazebrouck, club de régional, qui vient garnir les mémoires de la compétition en battant sur sa pelouse Quevilly-Rouen, pensionnaire de ligue 2.





C’est dans la petite ville des Flandres aux 22 000 habitants à Hazebrouck que commence notre histoire. En ce jour du 11 Novembre 2017, le Sporting, comme l’appelle les locaux, joue contre Quevilly-Rouen en coupe de France. Le club est alors 19ème de Ligue 2 et ancien finaliste de la compétition en 2011 face à l’Olympique Lyonnais. Le club flamand, lui, se positionne quatre divisions derrière et n’a plus connu la seconde division depuis 1976. Le dénouement du match semblait alors connu d’avance…

"David a fléchi face à la puissance du géant"

   A une demie-heure du coup d’envoie, à 16h30, le stade Auguste Damette se remplit peu à peu. Impossible de ne pas imaginer un exploit pour les 2000 supporters présents. Les membres du kop, organisé pour l’occasion, commencent à chanter accompagnés par la troupe carnavalesque de Bray-Dunes. Une belle ambiance que les joueurs du SCH ont remarqué à l’image de Baptiste Vangrevelynghe qui n’hésite pas à lancer quelques petits sourires au kop rythmé par les sons Seven Nation Army ou Dans les yeux d’Émilie. Mais les espoirs des supporters s’éteignent prématurément dès la 7ème minute avec l’ouverture du score des normands par Gakpa. David a fléchi face à la puissance du géant. Les chants persistent et les joueurs hazebrouckois poussent, malgré la fatigue visible sur les visages. La technique adverse met à rude épreuve les assauts des attaquants avec des tacles propres, c’est sur ce point que le professionnalisme de Rouen brille le plus. Néanmoins, ce soir là ce n’est pas la technique qui a primé mais bien la volonté des joueurs du SCH : « les joueurs ont eu du coeur» confie Fred Persoon le coach des lionceaux hazebrouckois. En quête de rêves Aboubacar Camara marque à la 44ème face à des normands suffisants : le public explose. Au coeur du kop, où je me trouvais, on assiste à des jets de bières, des cris de joie et on peut y entendre des chants qui témoignent d’une première petite victoireLes Rouennais poussent jusqu’à la 45ème mais les attaques sont veines et une pensée traverse le publique hazebrouckois : l’exploit est possible. 



"Le colosse aux pieds d'argiles s'effondre"


  En seconde mi-temps les rôles sont inversés : sa volonté a fait monter le club de quatre divisions. A chaque attaque c’est tout le kop qui gronde, l’espoir grandit. L’explosion retentit à la 82ème minute, Romaric Poix d’une frappe sèche, superbement servi par Vangrevelynghe, transperce le gardien et la défense adverse. Le colosse aux pieds d’argiles s’effondre. Les jets de bières se font plus nombreux qu’au premier but et les larmes montent même aux yeux : il y a une joie indescriptible qui s’impose dans le stade Auguste Damette. Il ne reste que 8 minutes pour accéder en 8ème de finale et tout le kop est en ébullition. Chaque montée adverse, chaque coup franc, chaque passe fait l’objet d’un interminable suspens. Le coup de sifflet final sonne comme un 3ème but aux oreilles des spectateurs qui s’élancent sur la pelouse pour féliciter les champions de ce combat de 90 minutes où David a fait tomber Goliath.





   C’est un exploit qui dépasse bien plus que le cadre du football : il rend compte de la beauté du sport. Les garçons sur le terrain ont joué avec leurs tripes jusqu’à la dernière minute imposant leur seule et unique volonté aux professionnels qu’ils avaient en face d’eux. Ce soir là c’est la belle histoire qui a triomphé n’en déplaise à une logique parfois insolente dans ce genre de match prétendument à sens unique.


Martin Lefebvre

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