Retour sur la conférence ESJ

Le Lycée Faidherbe nous a donc proposé ce jeudi 9 novembre une intervention de Nicolas Castel, journaliste professionnel et responsable pédagogique de l’académie ESJ Lille, proposant une conférence sur le métier de journaliste et les concours pour y accéder.















Qu’est-ce que le métier de journaliste aujourd’hui ?
Un métier difficile d’accès, précaire, pas très bien rémunéré mais passionnant « magnifique » selon lui. L’intervenant a tenu à démystifier cette profession et à nous avertir de ses inconvénients, en clair c’est un métier qui s’exerce par vocation / par passion.

Quelques chiffres pour illustrer la précarisation de la profession :
En 2000, 65,8% des premiers emplois étaient des CDI, 32,9% des pigistes (indépendant travaillant pour plusieurs médias) et 0,5% des CDD.
En 2015, c’est 33% de CDI, 38,4% de pigistes et 28,4% de CDD.

Pourquoi alors vouloir faire ce métier au vu de tous ces inconvénients ?
Car le journalisme fait face aujourd'hui à un grand défi, la profession est actuellement très décriée notamment depuis la campagne présidentielle américaine et les accusations de « fake news » de Donald Trump, et surtout la révolution numérique a bouleversé son organisation. Le journalisme est donc dans une phase de transformation qui appartient à la nouvelle génération. Etre journaliste permet de toucher à beaucoup de domaines différents ainsi que de servir le débat démocratique et non une entreprise, défendre l’enjeu démocratique et de vivre ensemble et réinventer la profession.
Les compétences d’un journaliste ouvrent en plus de nombreuses portes et sont très recherchées par les entreprises, notamment de communication.

Comment devenir journaliste ?
Pour 20% des cas en 2015, en passant par un cursus reconnu, pour les 80% restant par un cursus non reconnu, autrement dit on le devient très souvent après avoir eu une vie professionnelle différente.
Exemple concret avec l’intervenant, qui a d’abord fait une prépa HEC, a intégré l’EM Lyon (école de commerce), puis travaillé dans le milieu de l’informatique et de la finance à Londres avant de se réorienter car il ne mettait pas de sens dans le métier qu’il faisait, en passant le concours de l’ESJ Lille à 26 ans qu’il a obtenu.
Il a ensuite été rédacteur en chef pendant plus de 10 ans d’un quotidien 100% web traitant des questions de santé, puis il a créé sa propre entreprise avant de devenir responsable pédagogique et de lancer un quotidien papier sur Lille.

Qu’est-ce qu’une école reconnue de journalisme ?
C’est une école reconnue par la profession qui assure une reconnaissance et une insertion professionnelle quasi automatique. Il en existe 14 en France, dont voici la liste : Ecole Supérieure de Journalisme de Lille , Centre de Formation des Journalistes, Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine, CELSA, Centre Universitaire d’Enseignement du Journalisme de Strasbourg, Ecole de Journalisme et de Communication de la Méditerranée, Ecole de journalisme de Sciences Po Paris, Institut Pratique du Journalisme, Institut Français de Presse, Ecole de Journalisme de Toulouse, Ecole de Journalisme de Grenoble-Echirolles, IUT de Lannion – Université Rennes I, IUT de Tours, EDC Ecole de journalisme de Cannes.

Qu’est-ce que l’académie ESJ ?
C’est un parcours de licence universitaire créé en convention avec Lille 1,2 et 3, qui permet de lier une trentaine de licences avec l’option Journalisme. Concrètement, deux tiers des enseignements sont délivrés à l’université et un tiers à l’ESJ.
Les deux premières années servent principalement à faire découvrir aux étudiants le métier de journaliste dans sa réalité, à travers des cours d’initiation principalement théoriques qui donnent une image globale de la profession et permet aux étudiants de déterminer si cela leur convient ou pas. Environ 50 partent donc au bout de ces deux années sur une promotion de 160, laissant ainsi de la place aux prépas qui peuvent alors grâce à la convention intégrer la 3ème année du parcours, qui consiste en une préparation aux concours des écoles de journalisme plus la validation de la L3, aussi intense qu’une année de prépa. Les élèves utilisent une plateforme d’enseignement à distance, ils ont 3 à 4 devoirs par semaine type concours à rendre et sont séparés en groupes de 15 personnes, tous corrigés personnellement par le tuteur.
Les correcteurs sont aussi des sortes de coach car cela est aussi dur que la prépa et il ne faut pas lâcher. Cela suppose donc une réelle motivation et détermination pour devenir journaliste.
C’est avec celle-ci que le lycée Faidherbe a conclu une convention depuis l’année dernière, pour pouvoir permettre à tous les faidherbards en 2ème année de postuler par un dossier.
L’année dernière 8 dossiers leur ont été proposés pour 8 acceptés !
Pour plus de détails je vous laisse consulter le site qui est très bien fait et qui vous expliquera sûrement mieux que moi !

Comment intégrer la 3ème année ?
Par l’étude des dossiers envoyés par Faidherbe à partir de février jusqu’en avril. Les notes de prépas étant difficilement comparables n’ont qu’une valeur consultative, chaque dossier est noté pour la première moitié par un algorithme qui calcule une note à partir du bulletin de terminale et des notes au bac de français, puis pour la seconde moitié la lettre de motivation nécessaire est notée.

Quels sont les cours de cette troisième année ?
On y fait des cours d’orthographe, grammaire et syntaxe pour préparer l’épreuve de français car il doit être irréprochable pour un journaliste, des cours d’anglais, des cours de décryptage de l’actualité, ainsi que des ateliers d’écriture créative qui préparent tous aux épreuves.

Quelles sont les épreuves des concours de journalisme ?
Généralement une épreuve de français, d’anglais puis 2 épreuves d’écriture à l’ESJ, la première consistant à faire le compte rendu d’un film et d’écrire ensuite un texte dans la peau d’un personnage, et enfin une épreuve de libre propos de 1h30, c’est à dire une épreuve de création totalement libre à partir d’un sujet souvent déroutant et très large, par exemple « non. ».
Les oraux eux sont une épreuve d’anglais, une épreuve de démarche de reportage (comment on traiterait ce sujet, angle choisi, sur quelle longueur), et une épreuve de motivation.

Que fait-on dans une école de journalisme ?
Peu de cours théoriques et plutôt une professionnalisation rapide dans un métier (web, agence de presse…). Une spécialisation s’effectue dans la deuxième année de master par un média, soit la radio, la télévision, le presse écrite/web ou l’agence de presse.
Il existe aussi un double cursus avec Science Po Lille.

Les résultats de l’académie :
Créée il y a 4 ans, la première promotion a donc passé les concours l’année dernière, avec des très bons résultats compte tenu de la forte sélection, par exemple pour l’ESJ Lille 50 sont admis pour 850 candidatures.
Eux ont été à 80% admissibles à un moins un concours, 60% admis dans au moins une école, et 14 admis à l’ESJ Lille.

Questions du public :

-Pas trop difficile de concilier en 3ème année la préparation au concours et la validation de la L3 ?
Non c’est faisable, de plus les notes des matières de l’ESJ contribuent à 1/3 à l’obtention de la licence.

-Journalisme sportif ?
Il existe une licence professionnalisante de journalisme de sport de 15 places accessible au niveau Bac+2 ( voir site ESJ ) réservée aux gens certains de s’engager dans cette voie spécifique et très calés sur le sujet, voulant entrer rapidement sur le marché du travail.

-Retard pour les élèves de prépa en 3ème année comparé avec les autres ayant déjà fait 2 années d’initiation ?
Non, sauf pour le décryptage avec l’actualité, qui est un exercice spécifique et inhabituel nécessitant une méthode précise et de l’entraînement.

-Photographe de presse ?
Aujourd’hui c’est très compliqué d’être reporter photographe, il est impossible d’en vivre, il faut obligatoirement une activité photographique commerciale à côté ou artistique.
Il y a très peu d’emplois. Devenir à 100% photographe de presse est illusoire selon lui.

-Travailler pour une agence de presse ?
C’est un journalisme particulier, cela signifie accepter de rester dans l’ombre, mais en même temps c’est être la source d’informations premières de tous les médias.
C’est écrire un film de dépêches duquel sont abonnés tous les médias, tous les gros titres par exemple sont dictés par les dépêches de l’AFP.

Cela exige aussi une grande rigueur et réactivité, car l’écriture des dépêches est très stricte et codifiée, détaillée. C’est un métier très intéressant mais aussi très prenant, auquel on y consacre tout son temps. Enfin les places sont chères en agences de presse.



Propos recueillis pas Nicolas Lebrun

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