Star Wars VIII, entre désastre et réussite : nos critiques
La première critique, par Amandine Falbo
Méritocratique. C'est le terme que j'emploierai pour qualifier ce film. En effet, Rian Johnson parvient à donner à la saga Star Wars une dimension spéciale ayant un écho dans notre monde. Entre les personnages féminins, symbole de l'empowerment des femmes, et les origines obscures de l'héroïne principale, Star Wars semble s'interroger sur les problématiques de notre société. Attention spoilers...
Le film commence sur une touche d'humour qui sera prolongée tout au long du film et portée avant tout par les personnages de Poe Dameron, de Finn et de la petite nouvelle, Rose. Ce dernier personnage est très intéressant. Rose est une mécanicienne, une héroïne de l'ombre, une femme dans un métier d'homme. Elle incarne alors ceux qui se battent dans l'ombre des héros, le petit peuple, la méritocratie par son ingéniosité. Elle incarne également la visibilité des minorités puisque l'actrice est asiatique. Pleine d'humour et de ressources, elle semble indispensable au bon fonctionnement de la mission orchestrée secrètement par Finn, Poe et elle-même. C'est elle aussi qui évoque la possibilité d'un traceur de vitesse lumière du Premier Ordre. Elle arrive alors au premier plan de l'action et met en valeur Finn en l'empêchant de se sacrifier lors du combat final sur Crait. Rose représente ainsi à la fois l'émancipation des femmes et des minorités, la déconstruction des stéréotypes de genre et l'héroïsme des travailleurs nécessaires au bon fonctionnement de la société.
Par conséquent, il me semble pertinent d'affirmer que The last Jedi est LE film le plus féministe de l'année, bien plus que Wonder Woman. En effet, on ne compte plus le nombre de femmes à la tête de la Résistance : Leia, l'amirale Holdo, Rey... symboles ainsi de l'empowerment féminin. Je souligne aussi l'émotion qui m'a saisie face au visage aimant de Carrie Fisher, disparue cette année. Les femmes semblent alors au premier plan, à égalité avec les personnages masculins qui ne les regardent pas comme des êtres incompétents. Ainsi, Poe révise son jugement d'Holdo à la fin du film, réalisant le sacrifice qu'elle a effectué. Cette scène est par ailleurs très esthétique, avec dix secondes de silence et des effets spéciaux humbles se concentrant sur la diffusion de la lumière.
L'esthétisme est également ce qu'a apporté Johnson à la saga. Cette scène de sacrifice de l'amirale Holdo est remarquable, si bien qu'elle a choqué des spectateurs américains et amené certains cinémas à signaler cette scène de pur silence esthétique. De plus, il est possible de relever l'esthétisme du début du combat final où les speeders s'élancent dans le désert de sel, soulevant une poussière rouge, signe de la vengeance prochaine. Le sang va couler, le ton est donné. C'est la contre-attaque. Le rouge est par ailleurs une couleur dominante dans le film : le logo de la Résistance, la salle de trône de Snoke, le désert de sel. C'est donc une ambiance plus sanglante qui domine le film, une couleur ambivalente entre le sang mais aussi l'amour, les ténèbres et la lumière. J'évoquerai juste cette phrase prononcée par Rose au moment où elle s'évanouit, après avoir sauvé Finn et l'avoir embrassé : « Nous ne gagnerons pas en tuant ceux que nous haïssons mais en sauvant ceux qu'on aime. »
Cette couleur rouge est donc révélatrice de l'ambivalence des personnages. En effet, tous ont un bon côté et une attirance plus obscure, notamment les deux personnages principaux Kylo Ren et Rey. La saga sort donc de sa logique manichéenne, surtout avec le personnage de Luke. Celui-ci est devenu un vieux ermite aigri par son échec. Le héros de la trilogie originelle a été déchu par sa propre faute, ce qu'avait imaginé George Lucas lui-même. Ainsi, Mark Hamill a beau critiquer le nouveau Luke, c'était sa destinée. Pour autant, Luke finit par retrouver son héroïsme à la fin en projetant son âme pour défier Kylo Ren et sauver la Résistance. On retrouve aussi le malicieux maître Yoda, plus fidèle à son image dans L'Empire contre-attaque que dans le préquel, avec le retour de sa marionnette. Kylo Ren est également représentatif de cette abolition du manichéisme, surtout grâce à ses deux identités. Il est à la fois Kylo Ren et Ben Solo. Les retournements constants témoignent de son évolution et de celle de Rey, entre la lumière et le côté obscur de la Force. Néanmoins, le personnage prend de plus en plus de profondeur et de crédibilité au long du film, jusqu'à tuer son maître, comme le veut la tradition Sith en quelque sorte.
Par ailleurs, Rey est également très ambivalente : elle se bat pour la lumière mais elle est irrésistiblement attirée par le côté obscur à cause de son origine mystérieuse. Je me permets alors d'exprimer des réserves quant aux dires de Kylo Ren sur les parents de Rey. Ses paroles ne correspondent pas à la vision de Rey dans le film précédent lors duquel on voit un vaisseau plutôt riche s'envoler de Jakku. Cependant, je regretterai de ne pas me tromper car le fait que Rey ne soit issue de personne connu rejoint la méritocratie qui se dégage du film. En effet, la Force n'est pas une question de dynastie, chacun est capable de l'utiliser et de devenir un Jedi. Ceci est également exprimé avec la scène de fin plus que touchante, cet enfant attrapant son balais grâce à la Force, regardant vers le ciel étoilé, à l'image de Luke face aux deux soleils de Tatooine. Je suppose alors, en lien avec les propos de Yoda, une refondation de l'ordre Jedi avec un côté plus humain, moins manichéen, qui répond aux questions et aux défis d'une nouvelle époque.
Finalement, The last Jedi est selon moi une réussite, malgré quelques scènes peu crédibles (cf super Leia dans l'espace). Rian Johnson est parvenu à faire de Star Wars une saga qui répond aux défis de notre société et qui délivre un message important pour chacun de nous. Plus qu'auparavant les héros de La guerre des étoiles peuvent être des modèles de dépassement de soi. Peut-être qu'au fond de nous, une force nous lie entre nous, que nous devons utiliser pour garantir les enjeux de notre monde. Sauvons ceux que l'on aime. May the Force be with you.
Seconde Critique, par Gaëlle Sheehan
Encore
et toujours la même chose : des personnages clichés, une intrigue qui
ressemble étrangement à l’épisode V (oh, étrange, une planète toute blanche
comme si elle était gelée, ça ne vous rappelle rien ?) mais qui à la
limite tient la route. Néanmoins, des problèmes subsistent : qu’est-ce que
Leïa nous fait à imiter Super Girl dans l’espace ? Et ce que je reproche à
Star Wars depuis le début et qui est ici flagrant : comment des bombes
peuvent-elles tomber sur un vaisseau quand il n’y a pas de gravité dans
l’espace ? Il fallait écouter en cours messieurs les réalisateurs !
Il
y a quand même quelques points positifs : Rose est un personnage assez
intéressant (même si l’histoire d’amour vient un peu comme un cheveu sur la
soupe à mon goût et répond vraiment à Leïa et Han Solo…). Le pilote, Poe est
également un personnage à suivre, et a pour le coup du potentiel. Néanmoins,
l’attention derrière Rey est pour moi… mal gérée. Une histoire d’amour avec
Kylo Ren ? Pourquoi ? Quel est le but ? Pour donner un côté
tragique au prochain épisode, avec la séparation des deux ou au contraire, le
retour vers la lumière pour faire plaisir à sa belle ? Là encore, je ne
peux m’empêcher de penser à Anakin et Padmé… Du vu et du revu, encore et
encore. Rien de bien original, voire prévisible. On reste dans le cliché. Le
pur cliché. Dommage. Comment apprécier un film quand on sait déjà comment tout
va se finir ?
Et
Luc… Mon dieu. Une vraie parodie ! Luc Skywalker qui se coupe de la force
(quoi ?) et qui jette son sabre laser en arrière… Quoi ?! D’accord,
il peut avoir changé, d’accord il peut avoir fait des erreurs, mais quand
est-ce qu’il a déjà abandonné ? Qu’il s’isole, d’accord, mais il aurait
été plus logique et plus en accord avec son personnage que Luc garde un œil sur
l’univers pour se maintenir informé et, surtout, pour soutenir la rébellion
dont il faut partie depuis les tous premiers épisodes ! Là encore, le
réalisateur prend l’idée de l’isolement d’Obi-Wan Kenobi, peut-être de Yoda,
mais la détourne de manière très maladroite et inefficace selon moi.
De
même, il se passe combien de temps entre le VI et le VII et VIII ? Une
vingtaine d’années, voire plus ? Pourquoi les vaisseaux sont-ils identiques ?
Si en une année on peut changer 4 fois de smartphone et en 20 ans faire un bon
technologique, je pense qu’il est plus que probable qu’il y ait eu une
amélioration dans les vaisseaux de l’Empire, un léger changement de design, une
amélioration dans l’armement… Que sais-je !
Résultat :
déçue, comme je m’y attendais. Même si cet épisode est meilleur que le VII et
Rogue One (qui est, à mon goût, le pire !), ça ne reste absolument pas au
niveau des premiers épisodes. Je préfère voir des films aux effets spéciaux vieillis mais avec un charme véritable et une intrigue originale plutôt que les pâles
copies qu’on nous offre.
Et toi lecteur, quel est ton avis ?
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