Pourquoi la prépa déjà ?

   Il est propre à l’activité préparationnaire une soudaine réalisation qui ne laisse pas indifférent. En effet, vous qui saisissez à bras le corps ces connaissances censées faire de vous les futurs têtes pensantes de demain, n’avez peut être en aucun cas encore la volonté d’abandonner ce que vous fûtes, de vulgaires enfants en quête de sens. Alors je vous propose d’initier une réflexion brève et aiguisée sur ce mal qui tiraille bon nombre d’entre nous, celui d’une enfance partie trop tôt affligée par la prenante préparation occultant vos vieux rêves qui resurgissent parfois.



Il est vrai que dès l’instant où cette demeure qu’est Faidherbe vous reçoit, elle exige de votre part un investissement dont on prend peu vite la mesure et qui détourne absolument votre attention de toute forme de question. On se plaît à ne considérer nos maigres pauses que pour la détente absolue éludant ainsi le fait de trop réfléchir sur ce qui nous arrive, si ce n’est pour la complainte. Alors un jour pas comme les autres, vous posez un peu votre esprit embrumé et réalisez que vos ambitions semblent bien loin de celles qui agitaient votre cabosse auparavant. Alors est-ce un mal ?


Je veux dire par là que le changement agite constamment ce que nous désirons, c’est le propre de l’homme que de se perdre dans ce qu’il veut. Désormais, puisque cela est notre apparente sacro-sainte mission, on se retrouve à rêver concours et difficultés oubliant un peu ce qui dirigeait au départ notre entrée à Faidherbe. Bien évidemment certains d’entre vous se gargarisent de concours depuis bien longtemps mais d’autres ont foulé la porte de cette prépa uniquement par une forme de dépit, guidés par une sorte d’amour incongru de l’apprentissage sans trop réaliser ce qui les attendait.


Finalement je dirais qu’aujourd’hui vous êtes engagés dans cette épopée aussi fantasque et glorieuse que vacillante, par la même occasion vous êtes détournés de vos envies premières, celles de simplement œuvrer par curiosité émue. Alors pour le mieux, il est plus que nécessaire de contribuer à votre réussite. Je vous enjoint tout de même à penser à votre but premier, celui de ce lycéen naïf qui se plaisait à se croire jeune maître de son propre futur. Car au contraire, ce qui ne vous réussirait pas, serait de perdre cette étincelle idiote de naïveté certes, mais demeurant absolument désintéressée. La plus motivante des idées est celle qui côtoie nos premiers jours, seuls à même de nous rappeler qu’avant le sérieux il y avait l’envie.


Cet article ne changera peut-être rien, tout au plus je me ferai injurier devant mon apologie d’un temps certainement regretté par beaucoup. Néanmoins, s'il suffit à vous rappeler avec une nostalgie émue vos premières motivations alors l’injure sera de bonne augure pour la suite.

Lucas Giboni,

Petit rêveur éméché.

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